Nom :
Lance
Prénom :
Louis, Marie, Paul, Jules
Date de naissance :
10 avril 1893.
Lieu de naissance :
Bezinghem (Pas-de-Calais)
Date de décès :
14 janvier 1945.
Fils de Jules, Alexandre, ménager et de Marie Coquet, ménagère, Louis voit le jour à Bezinghem, petit village rurale de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il utilise fréquemment le prénom Paul, qui est son troisième prénom.
Paul qui est de la classe 1913 est mobilisé pour la Grande Guerre. Il est incorporé au 6ème régiment de dragons à Sedan (Ardennes). Du 6 janvier au 20 février 1914, Paul effectue un stage militaire aux Sables-d’Olonnes (Vendée). Il reçoit la croix de guerre avec étoile d’argent. Le 17 juillet 1934, il reçoit la médaille militaire. Le 5 mai 1917, il est grièvement blessé et continue néanmoins à avancer avec ses camarades. Il est obligé de se rendre au poste de secours sur ordre d’un de ses supérieurs.
Le 19 avril 1920, Paul épouse Emilienne, Florimond, Eugénie Féron à la mairie de Bourthes (Pas-de-Calais). Le couple aura six enfants.
En juin 1940, Paul est employé en qualité de cimentier à la Société des ciments français à Desvres (Pas-de-Calais). Il abrite des soldats français et anglais perdus dans la région après l’évacuation de Dunkerque.
A partir d’avril 1943, Paul devient ouvrier agricole dans différentes fermes de la région. Il rejoint le réseau OCM en février 1943. C’est par le biais de Rodolphe Minguet, alias ‘Aristide’, responsable OCM pour la région de Desvres et de Paul Catillon, commandant les sections de Boulogne-sur-Mer, que Paul rejoint la Résistance. Il est aussi en contact avec l’adjudant Delvart (orthographe non garantie) qui est gendarme à la brigade de Desvres.
En avril 1943, Paul participe au sabotage de la voie ferrée Boulogne Saint-Omer entre les gares de Lottighen et Vieil-Moutier (Pas-de-Calais).
En octobre 1943, Paul est nommé aux fonctions de chef de section pour le secteur de Saint-Martin-Choquel (Pas-de-Calais). Il commande une vingtaine d’hommes. Il abrite des réfractaires ainsi qu’un déserteur allemand.
En décembre 1943, Paul rejoint le groupe de résistance Bordeaux Loupiac, spécialisé dans l’évasion de pilotes alliés.
Le 15 juin 1944, Paul et son épouse hébergent un aviateur canadien. Probablement un des aviateurs dont le Halifax s’est écrasé dans la soirée près de Desvres.
Le 20 juin 1944, Paul est arrêté sur dénonciation avec son épouse et deux de leurs enfants (Paulette et Michel) par les Feldgendarmes de Desvres. Ces derniers trouvent un aviateur canadien caché dans une dépendance de la maison. Tous les quatre sont emmenés au siège de la Feldgendarmerie de Desvres où ils sont interrogés à tour de rôle. Paul et les deux enfants sont battus sur place. Ils restent enfermés dans le sous-sol du bâtiment. Le 24 juin 1944, ils sont tous transférés à la prison régionale de Loos près de Lille.
Le 4 août 1944, Paul passe devant le Tribunal militaire allemand de la Luftwaffe, situé boulevard Vauban à Lille. L’affaire est est très grave. Le motif est l’assistance à pilote allié. Sans surprise, Paul est condamné à la peine de mort ainsi que son épouse Emilienne.
Le 1er septembre 1944, les détenus de la prison de Loos sont transférés à la gare de marchandises de Tourcoing. Entassés dans des wagons à bestiaux, les détenus sont déportés en direction de l’Allemagne. Le convoi arrive à la gare de Cologne, le 2 septembre dans la soirée. Ce n’est que le dimanche 3 septembre à l’aube que les détenus peuvent enfin sortir des wagons. Paul peut enfin respirer l’air libre. Les déportés sont transférés à pieds vers le parc des expositions de la ville. Placés dans les sous-sols, les déportés sont enfin « nourris » : une soupe et un morceau de pain. Deux jours plus tard, soit le 5 septembre 1944, un nouveau convoi est affrété à destination de Berlin. Le 7 septembre 1944, le train arrive à la gare d’Oranienburg. Paul et les centaines de détenus sont à pieds jusqu’au camp de concentration de Sachsenhausen. Paul y reçoit le numéro de matricule 97710. Après une période de quarantaine, du 10 septembre au 15 octobre, Paul est affecté au block 53 du camp. Il y subit les mauvais traitements des kapos, les privations et les maladies. On retrouve sa trace dans les archives du camp de Sachsenhausen. Paul y est décédé d’épuisement le 14 janvier 1945 dans son block à 6h30 du matin.
Sources : Livre mémorial, FMD – Etat civil de la commune de Bezinghem, registre des naissances de l’année 1893, acte n°4 – SHD Vincennes, GR 16 P 335065 – Archives départementales du Nord, 1874 W 355 ; 2737 W 43 – Archives du camp de Sachsenhausen.