Nom :
Angielczyk
Prénom :
Joseph, Mendel
Date de naissance :
18 juillet 1884
Lieu de naissance : Varsovie (Pologne)
Date de décès :
5 février 1945 ?
Arrivé en France à une date inconnue, Joseph s’établit à Lille en provenance de Pologne. Il arrive avec sa femme Anna née Sobelman, et leurs quatre enfants, tous nés à Varsovie : Zelda (née en 1912), Jacques (né en 1914), Rosa (née en 1917) et Henri (né en 1920). En 1930, les Angielczyk vivent 77, rue de la Monnaie, dans le quartier du Vieux-Lille. Joseph est parqueteur. Il s’agit d’une famille sans histoire. C’est donc naturellement, que Joseph et sa famille obtiennent par décret, la nationalité française.
Mais sous l’Occupation allemande, les Angielczyk vont voir leur niveau de vie s’effondrer. Ils vont être confrontés aux lois de Vichy et de l’autorité allemande car ils sont de confession juive. Au fil du temps, des lois antisémites et liberticides restreignent le quotidien de la famille. Joseph ne peut plus travailler.
Dans la famille Angielczyk, un premier drame va frapper. Jacques fréquente une jeune femme non juive. Le 18 juillet 1942, ils se promènent rue Faidherbe en sortant d’une séance de cinéma lorsque l’inspecteur allemand Kurt Kohl, de la Sipo-SD de La Madeleine, interpelle le couple. Il confisque la carte d’identité de Jacques et le convoque pour le lendemain, au siège de la police allemande. Mais Jacques prend peur et quitte la ville. Furieux, Kohl se rend chez les Angielczyk qui vivent au 125, rue Solférino. Les policiers allemands mettent en état d’arrestation Joseph et Henri, respectivement, père et frère benjamin de Jacques. Ce dernier est prévenu des représailles que risquent ses proches. Il décide de revenir à Lille et se rend au siège de la Sipo-SD. Joseph et Henri sont relâchés. Jacques a été dénoncé par un de ses amis, un marchand forain, comme lui, non juif répondant au nom de Edgard Simondant. Ce dernier s’est mis au service de la police allemande. Bien que connaissant les Angielczyk, Simondant n’a pas hésité à trahir son ami. Jacques est écroué à la prison de Loos puis envoyé au camp de rassemblement des Juifs et des Tsiganes de Malines (Belgique). Le 4 août 1942, Jacques est déporté à Auschwitz Birkenau d’où il ne reviendra jamais.
Le 11 septembre 1942, lors de la rafle des Juifs du Nord-Pas-de-Calais, les Angielczyk ne sont pas inquiétés. En effet, ils sont de nationalité française. Et lors de cette rafle les Juifs apatrides et quelques Juifs belges ou issus des républiques soviétiques seront arrêtés et déportés.
Henri échappe à plusieurs reprises à l’arrestation. Il s’enfuit à Paris, alors que Kurt Kohl – qui avait arrêté son frère Jacques, l’avait convoqué au siège de la police allemande. Puis, il croise Kohl avec un groupe d’amis à la « Taverne Gaspard », place Rihour. Là encore, il évite l’inspecteur allemand.
Au début de l’année 1944, Joseph est convoqué comme otage pour accompagner des trains allemands de permissionnaire entre Lille et Courtrai (Belgique). Joseph doit se présenter à 5h35 à la gare de Lille auprès de deux gardiens de la paix français et de feldgendarmes allemands. C’est ainsi qu’il traverse la frontière à plusieurs reprises : les 25, 26, 29, 30 et 31 janvier 1944. Cette mesure assez étrange trouve son origine dans une ordonnance allemande de l’OFK 670 datée du 9 août 1943 qui stipule:
« Afin de garantir la sécurité des transports militaires, ceux-ci seront, à l’avenir accompagnés d’un nombre respectif d’habitants du pays. » En d’autres termes, les Allemands avisent la population que dans les convois allemands, il y aura des otages. Tout sabotage entrainera automatiquement la mort de civils innocents. Et pour l’autorité allemande, utiliser des Juifs comme otage, n’est pas un soucis.
Le 22 mars 1944, c’est Rosa, qui est arrêtée chez l’avoué maître Chatteleyn, dont l’étude se trouve 27, boulevard Vauban à Lille. Elle est écrouée à la prison de Loos. Lors de son arrestation, des témoins auraient entendu un des policiers allemands répondre à Rosa : « Vous avez travaillé pour les Français, maintenant vous allez travailler pour les Allemands, ce n’est pas une question juive. »
Après plusieurs mois de répit, Joseph est arrêté à nouveau par la Sipo-SD, le 21 juillet 1944, à son domicile avec son épouse. On ignore le motif de cette nouvelle arrestation. Cinq jours plus tard, une voiture allemande vient récupérer les meubles, la literie et d’autres effets appartenant aux Angielczyk.
Le 1er septembre 1944, Joseph se trouve parmi les centaines de détenus qui sont rassemblés dans la cour de la prison de Loos. Il est dirigé vers la gare de Tourcoing et se trouve entassé avec ses camarades de tout âge et de toute condition dans des wagons à bestiaux. Vers 17h30, le convoi quitte l’agglomération lilloise direction l’Allemagne, via la Belgique et les Pays-Bas. Le 3 septembre 1944, soit deux jours après le départ du train, les détenus sont sortis des wagons et entassés dans les sous-sols de la foire commerciale de Cologne.
Après deux jours de répit, ils sont à nouveaux entassés dans un autre convoi, cette fois-ci à destination du camp de Sachsenhausen dans la banlieue de Berlin. Joseph reçoit un numéro de matricule. Malheureusement, à l’heure actuelle, nous ne connaissons pas ce matricule. Joseph, bien que juif, ne semble pas avoir subi de sort particulier, par rapport à ses codétenus du train de Loos.
Il serait décédé le 5 février 1945, sans autre précision.
Sa fille Rosa, déportée à Auschwitz, reviendra à Lille après-guerre. Elle y retrouve sa mère Anna, sa soeur Zelda et leur frère Henri, qui a, à plusieurs reprises, échappé à la déportation. La famille quittera Lille, pour s’installer dans le 7ème arrondissement de Paris.
Sources : Livre mémorial FMD – Archives familiales Angielczyk – SHD Caen, AC 21 P 418441, Jacques Angielczyk – Archives départementales du Nord, 1 W 1847 ; 1 W 1848.