Nom :

Delmas-Marsalet

Prénom :

Raymond

Date de naissance :

27 janvier 1905

Lieu de naissance :

Dax (Landes)

Date de décès :

27 avril 1945

Matricule : 97758

Profession : médecin

Résistant

Arrestation : 17 août 1944 à Estaimpuis (Belgique)

Lieu de déportation : Sachsenhausen, Bergen Belsen,

2 thoughts on “Delmas-Marsalet Raymond

  1. LE DOCTEUR ALFRED DELMAS-MARSALET, LANDAIS HÉROS DE LA RÉSISTANCE “ MORT POUR LA FRANCE ” EN 1945
    Par R. Daverat et C. Delmas-Marsalet

    “ Macte animo nova virtute, puer generose,
    sic itur ad astra ”

    Raymond Jacques Alfred dit « Fred » Delmas-Marsalet est né à Dax le 27 janvier 1905. Son père Maurice, lui aussi médecin (et directeur des « Grands Thermes », fondés par son grand-père Paul en 1870), intoxiqué par les gaz lors du premier conflit mondial, en mourut « pour la France » le 14 juillet 1918 à Dax, laissant une veuve et 4 enfants dont le plus âgé n’avait que 20 ans. Alfred a été adopté comme pupille de la Nation.
    Maurice Delmas-Marsalet avait épousé en 1897 à Pontonx-sur-l’Adour Yvonne Darroze, la fille du docteur Alfred Darroze, créateur des Thermes de Préchacq, et de Marie Valentine Candille, originaire de Mont-de-Marsan.
    Alfred avait pour frère Paul Delmas-Marsalet (1898-1977), professeur de neuropsychiatrie à Bordeaux, auteur d’un grand nombre d’ouvrages médicaux et de découvertes scientifiques.
    Etudiant à Bordeaux, il joue au rugby dans l’équipe du BEC (Bordeaux Etudiant Club).
    Il épouse en 1929 Jenny Dutoit, de Roubaix (Nord), et après ses études médicales il ouvre son cabinet de médecine générale à Roubaix, avenue Linné, puis à Wattrelos (Nord), 432 rue Jules Guesde.
    A la déclaration de guerre en 1939 il est mobilisé dans un groupe sanitaire de ravitaillement. Mais il considère cette affectation comme une « planque » et demande à être versé dans l’infanterie. Il devient ainsi médecin du 3e bataillon du 137e R.I. le 1er mars 1940.
    Le 14 mai, son unité est sur la ligne de front : à l’embouchure de l’Escaut, près d’Anvers.
    L’unité participe à la campagne de Flandre et il y gagne tant l’estime de ses chefs que l’admiration de ses hommes. Au cours des combats dans la région de Cappelbrouck, il mérite la citation suivante : « Parti en reconnaissance le 24 mai 1940, a été surpris par la rapidité de l’avance ennemie. Complètement isolé, a donné ses soins aux blessés, utilisant des moyens de fortune et a pratiqué lui-même leur évacuation sous le feu de l’ennemi ».
    Le 28 mai 1940 son unité est devant le sanatorium de Zuydcoote. Le 29 sur la plage de La Panne, il repère un canot vide au large. Profitant d’un bombardement, il le ramène à la nage sur le rivage et avec ses infirmiers l’utilise pour rejoindre un cargo anglais qui le ramène à Ramsgate, épuisé. Avec les Français qui ont pu échapper à l’enfer de Dunkerque, son unité, rhabillée et équipée, est envoyée défendre le « réduit breton », dernière tentative du gouvernement de continuer la lutte.
    Weymouth, Cherbourg, Lisieux, Saint-Pierre-sur-Dives, Thury-Harcourt, Fougères. Mais le régiment ne tarde pas à être capturé par les Allemands et Alfred Delmas-Marsalet est fait prisonnier le 20 juin 1940. Interné au Grand séminaire de Laval le 24, il est libéré comme personnel sanitaire le 14 août 1940.
    Il rejoint son épouse et ses enfants, repliés à Pontonx-sur-Adour (Landes), dans la maison familiale du grand-père Darroze (qui fut maire de la commune pendant près de 40 ans). Il y rédige un « journal de guerre » qui retrace la période 1939-1940, qu’il vient de vivre.
    Il y exerce sa profession de médecin. Pendant quelques mois, d’octobre 1941 à février 1942, il fera même fonction de maire de Pontonx, en qualité de « président de la délégation spéciale ».
    Ne pouvant supporter l’occupation nazie, il entre dans la Résistance et facilite le passage en Espagne de nombreux Juifs, prisonniers de guerre évadés et parachutistes anglais.

    Il revient cependant à Wattrelos en février 1942. Possédant une résidence à Estaimpuis en territoire belge, il prend contact avec la résistance de ce pays.
    Il appartient à de nombreux mouvements résistants, réseau « Bravery », section Lejeune, réseaux B.B (organisation anglo-franco-belge de renseignements) puis ZIG (novembre 1942).
    Dès juillet 1943, il dirige le réseau « Zéro-France », créé par la Sûreté belge, un réseau consacré au renseignement et qui compte alors près de 400 agents au Nord de la France (Nord, Pas de Calais, Somme).
    Alfred Delmas-Marsalet, alias Judex PF 251, chef de groupe chargé de recueillir des renseignements tout le long de la frontière belge, jusque dans les Flandres, supervise des agents par-delà la frontière française (Dottignies, Mouscron…) où il travaille en plus pour le réseau Ali-France en mai 1944, auquel il fournit des renseignements (convois ferroviaires, déplacements des troupes ennemies…) et un agent de liaison. Il prend aussi en charge des soldats alliés évadés d’Allemagne et amenés chez lui de Belgique.
    Il est aussi membre du réseau Sylvestre-Farmer. Fondé en 1942, celui-ci était rattaché au Special Operation Executive (SOE), service secret britannique ayant pour mission de soutenir les réseaux et mouvements de Résistance français. Le réseau Sylvestre-Farmer s’implante de novembre 1942 à septembre 1944 dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme. Il est spécialisé dans les sabotages et dans la prise de renseignement sur les rampes V1.
    Alfred Delmas-Marsalet aide aussi à l’évacuation des courriers belges au cours des semaines de la Libération.
    Membre du mouvement « Voix du Nord », il reçoit un brevet de commandement avec le grade de médecin-capitaine. Cela l’amène à prendre une part importante à l’organisation de l’ambulance départementale de la Résistance et à prendre la responsabilité de soigner les blessés résistants du secteur frontalier, alors que la Libération approche.
    À la suite de l’exécution d’un agent du contre-espionnage allemand, il est arrêté (sur dénonciation) le 17 août 1944 dans sa résidence d’Estaimpuis, ainsi que son épouse Jenny.
    Emmenés à la Gestapo de la rue du Manège à Roubaix, ils sont internés tous deux à la prison de Loos.
    Séparés, les époux ne se reverront jamais…
    Au cours des multiples interrogatoires qu’il dut subir, Alfred Delmas-Marsalet prit sur lui les charges pesant sur trois personnes, dont son épouse. De crainte de faiblir devant la torture, il tenta alors de s’empoisonner.
    Il fera partie des déportés du sinistre « train de Loos » . Le 1er septembre 1944, vers 17 h 30, « le train de Loos » s`ébranle en gare de Tourcoing. Pour les 871 déportés commence un long calvaire : 595 ne reviendront pas.
    Son épouse ne sera libérée qu’après le départ des hommes pour la gare de Tourcoing .
    Puis, ce fut pour lui comme pour ses compagnons, le lent calvaire du transport, sans obstacle de la part de la Résistance ou de l’aviation alliée, jusqu’au camp de Sachsenhausen. Ils doivent pour y parvenir descendre à Oranienburg, terminus de la ligne et gagner le camp qui est à 6 km à pied.
    Vers 10 heures, ce 7 septembre 1944, les centaines d`hommes du « train de Loos » s’alignent pour la première fois sur l’immense place de Sachsenhausen. Selon le témoignage d’un compagnon d`infortune, Alfred Delmas-Marsalet y sera, plus tard affecté au « kommando Speer ». Situé à environ 3 km du camp, 2.000 détenus y font de la récupération de matériaux de toute sorte amenés par péniche depuis les pays occupés et les zones bombardées de l’Allemagne. C’est un des kommandos les plus meurtriers.
    Depuis le 1er septembre 1944, il n’a cessé de réconforter ses compagnons et de leur prodiguer ses soins. Jusqu’à ce que la maladie épuise ses forces, il ne cessera d’être une source de réconfort pour son groupe.

    Le 1er février 1945, il est transféré avec un groupe de détenus à Bergen-Belsen quelques jours avant la libération de ce camp par les Alliés, puis le 27 février 1945 à Neuengamme. Evacué au camp de Sandbostel entre le 12 et le 19 avril,
    « Ce n’est pas un Kommando, mais un camp de PG, le Stalag XB, devenu «  »mouroir » » de Neuengamme à partir du 13 avril 1945. Le camp est libéré le 29 avril 1945. Situé à l’ouest de Hambourg. »
    En avril 1945, la SS héberge, dans une partie du camp séparée, des détenus du camp de concentration de Neuengamme. Environ 9500 hommes, dont beaucoup venaient des Kommandos extérieurs de Brême, Wilhelmshaven et Pays de l’Ems, passent les dernières semaines de leur captivité à Sandbostel. La nourriture et les soins y sont insuffisants. De nombreux détenus périssent, d’autant plus qu’une épidémie de typhus s’y déclare.
    Plus de 10.000 détenus au total, toutes nationalités confondues, seront entassés dans ce mouroir. Leur garde est assurée par des Schuppos, des SS, des membres de l’artillerie côtière et des volontaires étrangers.
    Les prisonniers de guerre voient arriver des êtres épuisés, affamés, dans un état physique et mental désespéré. Face à cet abominable spectacle, ils manifestent pitié, colère et révolte. Ils tentent de porter secours à ces squelettes ambulants. Mais les SS veillent et interdisent, les armes à la main, toute tentative d’aide et de réconfort. La mortalité est effrayante, due à la faim, la fatigue, la dysenterie, les armes SS. Chaque jour des charrettes emmènent 200 ou 300 cadavres à la fosse commune. Le dernier convoi de détenus, arrivant de Wilhelmshaven le 18 avril, découvre des monceaux de cadavres, ceux de leurs camarades de convois antérieurs, entassés sur la gauche en entrant dans le camp.
    Dans la nuit du 19 au 20 avril 1945, pendant une alerte, une révolte éclate. Quelques centaines de détenus tentent de prendre la cuisine d’assaut afin de se procurer à manger. La même nuit, les SS quittent le camp en direction de Flensburg, emmenant avec eux quelques centaines de détenus encore capables de marcher.
    Alfred Delmas-Marsalet contracte le typhus et meurt le 27 avril 1945, le camp est libéré le 29 avril.
    Entre le 12 et le 29 avril 1945, ainsi que dans les semaines qui suivirent la libération, plus de 3000 détenus périssent à Sandbostel des suites de leur captivité.
    Jusqu’à l’arrivée des troupes britanniques, le 29 avril, les détenus restants sont en grande partie abandonnés à eux-mêmes. Ils sont pris plus ou moins en charge par les prisonniers de guerre du camp voisin.

    Alfred Delmas-Marsalet était âgé d’à peine 45 ans, il laissait une veuve et 4 enfants âgés de 3 à 13 ans.
    Mais pendant un long moment il est considéré comme disparu, ainsi que l’indique un article du Nord Éclair du 24 mai 1946. On ne peut s’imaginer l’angoisse de Mme Delmas-Marsalet et de ses quatre enfants, attendant vainement le retour du chef de famille depuis le 8 mai 1945, date de l’armistice et de la libération des camps.
    Cette attente durera jusqu’au 9 décembre 1948 où un acte officiel du ministère des anciens combattants et victimes de guerre confirmera son décès en déportation et l’honorera de la mention “ Mort pour la France “. L’acte a été transcrit sur le registre d’état civil de Wattrelos le 16 décembre 1948.
    Le 6 mars 1950, le ministre de la Défense Nationale cite, à l`ordre du corps d’Armée DELMAS-MARSALET Raymond Jacques,
    Alfred, Lieutenant « à titre posthume », agent de renseignements en territoire occupé, patriote d`une haute valeur. Après de nombreux actes de résistance personnelle, entre au réseau « Zig » en novembre
    1942. Chef de groupe remarquable par son allant et son courage, joint à son action d`agent de renseignements les fonctions de médecin des blessés de la Résistance. Arrêté en pleine action le 17 août 1944, a une attitude admirable pendant les interrogatoires de la Gestapo où il garde un mutisme obstiné.
    Déporté en Allemagne, est décédé à Sandbostel le 27/04/45 ».
    Cette citation comporte l`attribution de la Croix de Guerre avec étoile de vermeil.
    Par décret du 19 juin 1950, le Docteur Delmas-Marsalet, sous-lieutenant, a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Le 20 avril 1956, la médaille de la Résistance Française lui avait déjà été décernée.
    Le Gouvernement belge a tenu à reconnaître les services rendus par Alfred Delmas-Marsalet à la résistance belge en lui accordant à titre posthume :
    – Le 1er juillet 1950 la médaille commémorative de la guerre 1940/1945 ;
    – Par arrêté du Prince-régent du même jour la croix de chevalier de l’Ordre de
    Léopold avec palme, la croix de guerre 1940 avec palme et la médaille de la
    Résistance.
    Le 19 avril 1953, au cours de l’assemblée générale de l’amicale Philippot Van Hecke, son président remit à Mme Delmas-Marsalet, représentant son mari, les insignes de l’Ordre National de la Légion d’honneur.
    Par arrêté du 16 février 1988, la mention « Mort en déportation » est apposée en marge de son acte de décès.
    De son côté, la ville de Mouvaux a tenu à honorer la mémoire des déportés du train de Loos, en faisant édifier une stèle du souvenir, non loin de la résidence actuelle de Mme Delmas-Marsalet, sur le trajet emprunté par les déportés entre Loos et Tourcoing. Cette stèle a été inaugurée par le Président de l’amicale des déportés du train de Loos, James Venture, à l’occasion de la journée nationale de la déportation, le 27 avril 1997 (cf. articles de la Voix du Nord des 27 et 29 avril 1997) ainsi que le Square du Train de Loos où elle a été installée.
    Le samedi 10 mai 2003, le Ministre de la Fonction publique, le président de l’Association des rescapés du Train de Loos et le Président de l’association Centre de mémoire de l’abbaye prison de Loos, ont dévoilé, devant les représentants des familles des victimes, en face de la maison d’arrêt de Loos, douze plaques de bronze gravées par James Venture, où figurent les noms des 870 détenus politiques chargés dans 12 wagons à bestiaux qui constituaient le sinistre train de Loos.

    1. Bonjour Monsieur Delmas-Marsalet
      Je vous remercie vivement pour ce témoignage riche et émouvant.Puis je me permettre de vous demander votre affiliation à Alfred Delmas Marsalet et vos sources d' »information.
      Je vais pouvoir mettre à jour sa fiche biographique et votre témoignage. Je vous en remercie encore
      Cordialement
      Nathalie Walpoel-Schmitt

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